Patchwork, c’est une newsletter déco qui spotte les belles choses
et les bonnes idées. Deux fois par mois, je mets de côté découvertes,
adresses pépites, mindsets créatifs qui sortent des sentiers battus.
— Philippine Sander
LES INSPIRATIONS(NATURE)DE LA SEMAINE
5 septembre 2024
Si elle n’était pas une artiste, elle serait jardinière. Inspirée par la botanique, les bourgeons et l’ambiance féérique de certains jardins, Claire de Quénetain s’exprime en couleur sur des tissus, des pieds de lampes, des murs, des papiers peints, de la vaisselle. Elle tourbillonne : c’est comme s’il y avait un élan vital au bout de son pinceau qui la poussait à peindre des brins de jardins partout où elle passait. La spontanéité de son mouvement et son interprétation de la nature ont séduit Laura Gonzalez, Emma Stevenson, Sophie Ashby, la maison Thevenon…
“Pour un approche moderne, je conseille les associations de motifs différents en formats, couleurs et styles. Tout s’harmonise dans la nature et la végétation sauvage est la plus créative” confiait-elle au magazine belge Juliette & Victor en 2020 à propos de la décoration de sa maison. Ses inspirations : les motifs de la maison finlandaise Marimekko, le peintre français Raoul Dufy et la paysagiste néerlandais Piet Oudolf.
photo : Laurent Müller
Immersion dans une maison au charme fou en Dordogne
Mes parents ont l'œil pour les belles choses. Mon père est photographe et, avec ses photos d’architecture, de paysages et d'intérieurs, ne cesse de faire l’éloge de la beauté du monde qui nous entoure. Ma mère vient d’une famille d’artistes et a toujours meublé ses maisons avec des pièces chinées. Quand on habitait à Los Angeles, elle passait tellement de temps chez Salvation Army que les mecs qui y bossaient lui mettaient de côté les pépites qui débarquaient. J’ai toujours vu que leur goût faisait mouche auprès des invités et je me suis vite rendue compte qu’il y avait, chez eux, un petit supplément d’âme qui flottait dans l’air.
Après 16 ans à Los Angeles puis 16 ans à Paris, ils décident de partir vivre en Dordogne en 2018. Je me souviens d’eux lisant la BD Le Retour à la Terre avant de déménager : mon père riait, ma mère pleurait*.
Bienvenue en Dordogne.
Photo Eric Sander
Pourquoi avez-vous été séduits par cette maison ?
Claire S : Le charme, tout de suite. Mon cœur a flanché dès que j’ai vu l’annonce sur leboncoin, et en particulier cette façade ocre jaune de la maison, exactement comme celle de ma maison de famille.
Quand nous l’avons visité, à l’intérieur, ce qui m’a tout de suite plu, c’est la hauteur sous plafond et la luminosité.
Eric S : Il y avait aussi du charme à l’extérieur, dans tous les alentours : les petits murs, les différentes parties de jardins, chacune avec différents niveaux, la cour intérieure. Quel que soit l’endroit où on est dans la maison, on est dehors.
Je cherchais justement une maison tournée vers l’extérieur, avec un bout de terre pour m’amuser dans la forêt et cueillir des champignons avec Claire. Et Claire voulait être proche d’une petite ville et dans un hameau, car elle ne voulait pas être isolée en pleine forêt avec les sangliers. On voulait des dépendances, pour pouvoir inviter des amis et de la famille. La maison cochait toutes les cases, il y avait tout ce que l’on recherchait.
Vous avez fait beaucoup de travaux, au fur et à mesure. Comment se sont-ils déroulés ?
E S : On voulait vivre dedans avant de toucher à quoique ce soit. On a donc vécu 6 mois sans rien faire, pour ressentir la maison et être sûr des changements qu’on allait entreprendre. Il faut savoir que la suite parentale était impeccable, elle avait été restaurée avec de beaux matériaux et les pièces principales étaient habitables et confortables. Donc nous n’étions pas particulièrement pressés.
C S : Les travaux ont ensuite commencé par le salon, car le plancher était vermoulu sur tous les bords des murs. On pouvait passer à travers ! Il a donc été démonté planche par planche numérotée puis remonté avec de nouvelles fondations : tout le schéma central est resté, en point de Hongrie et sur toute la périphérie, on a mis un nouveau plancher, mais teinté du même bois. Autour de la cheminée, comme le plancher avait brûlé, nous avons mis une grande plaque de fonte faite par un maître ferronnier. La plaque est plus grande que celles que l’on met d’habitude, et on adore le résultat. Ça donne un aspect design assez moderne.
E S : On aime aussi cette couleur rose poudrée sur les murs, que l’on a pour l’instant gardée. C’est un peu destroy, ça marche pas mal. On a aussi repeint les boiseries des fenêtres en ivoire : elles étaient couleur chêne vernis et on souhaitait leur donner plus d’éclat.
C S : Côté salle à manger, il y avait un rouge vermillon au mur, façon hacienda, mais le rouge me dérangeait, il était bizarrement posé. J’ai donc fait moi-même un jaune mat : après plusieurs essais et mélanges, je suis enfin arrivée à ce que je voulais. Nous avons aussi refait le plafond, que nous avons repeint en blanc ainsi que les poutres, en couleur mastic. Au sol, il y avait un vieux carrelage rouge années 60 que l’on a remplacé par des grandes dalles en pierre de Limeyrat-Dordogne (finition Chenonceau - Carriere Bon-Temps). C’est comme si elles avaient toujours été là.
La salle à manger a été entièrement refaite
Avant
De la cuisine, proche de la salle à manger, on plonge sur cette jolie cour. Comment l’avez-vous conçue ?
La cour a été entièrement réaménagée
C S : Nous voulions voir, toute l’année, de la verdure de la cuisine. On a donc tout repensé, tout enlevé et tout replanté. On a fait une bordure de plantes méditerranéennes, avec du romarin sur tout le pourtour du carré, et on a déposé quatre petites poteries aux quatre coins pour l’habiller. Ensuite on a mis de la lavande, des agapanthes, deux rosiers blancs asiatiques Rosa Rugosa, des Népéta, un peu de gaura, pour apporter un peu de légèreté et un côté aérien. On a aussi planté plein de bulbes, donc au printemps, fleurissent des narcisses, des alliums et des encolies sauvages.
Après
E S : Ensuite, sur les murs on a planté du jasmin étoilé, qui reste vert toute l’année. Ça pousse bien, on les a planté il y a 4 ou 5 ans. Ça fleurit pendant un mois, ça sent divinement bon, c’est magique. On a aussi planté du chèvrefeuille sur les murs d’en face, qui est aussi parfumé.
Avant
De l’autre côté de la cour, il y a une dépendance qui comprend une salle de bain et une “salle des fêtes”. Elle mène vers la piscine.
E S : La salle de bain vient d’être terminée, on l’a conçue au fur et à mesure en partageant nos idées avec Paolo, l’artisan maçon magicien : dès qu’il fait quelque chose, on a l’impression que ça a toujours été là. On était sur la même longueur d’onde, on voulait utiliser des vieux matériaux pour que ça se fonde dans le décor. Les murs ont été enduits à la chaux et au sable.
Avant travaux : la salle de bain, porte de droite
Nous avons longtemps cherché ce que nous allions mettre au sol et nous avons fini par trouver ces beaux carrés de terre cuite, rosés, qui viennent de Millau dans l’Aveyron.
C S : Pour le lavabo, on a hésité entre une vasque et un lavabo ancien avec un pied et malgré nos recherches, on n’a rien trouvé sur le boncoin. On avait repéré dans le bas du jardin, un vieil évier de jardin, en pierre, qui ne servait pas. Paolo l’a poncé, nettoyé, imperméabilisé, on a refait un plus gros trou et voilà le résultat ! En dessous, on a mis des vieilles planches en chêne, parfaites pour le rangement et l’aspect authentique.
E S : Ensuite, juste à côté, notre salle des fêtes, qui était sans doute une ancienne cochonnière, était dans un très mauvais état. Au début, on s’en servait comme remise. On a décidé de faire des travaux 5 ans après notre arrivée.
La salle des fêtes: avec quelques grandes tables, se transforme en banquet géant
En habitant là, on s’est rendu compte que c’était une pièce que l’on voulait davantage exploiter, surtout l’hiver, pour faire une petite salle de ciné par exemple. Tout a donc été isolé et on a refait l’électricité et les murs. Bientôt, il y aura un insert ! En attendant, pour les beaux jours, on a décidé de faire un accès vers la piscine, on a donc rajouté une porte.
Lumière banane et jukebox trouvés en Californie, photo prise à Chaumont sur Loire, chaises d'une église locale qui changeait de mobilier, et le coq, le comte de la Poulardière
Il n’existait pas de piscine, vous avez décidé d’en faire construire une, compte tenu de la chaleur l’été ici
C S : Oui, et j’avais une idée très précise en tête. Je voulais que la piscine ressemble à un bassin, qu’elle soit assez foncée et qu’elle se marie parfaitement dans la nature. On ne pouvait pas la faire très grande, elle fait donc 9x4m et 1m50 de profondeur sur toute la longueur. Je voulais aussi que la margelle dépasse des deux côtés, côté piscine et côté herbe.
Pour le liner, j’étais un peu stressée. J’avais regardé 20 fois la couleur sur internet, mais on n’est jamais sûr du résultat, c’est toujours un pari ! Quand j’ai vu les piscinistes dérouler le liner, j’ai vu une couleur sac poubelle qui m’a donné un petit nœud au ventre… Finalement, c’est exactement ce que l'on voulait. Pfiou.. Puis, on a rajouté un mur en pierres sèches au-dessus, avec des plantes faciles à entretenir, qui restent belles toute l’année.
Avant travaux
Avez-vous des regrets concernant les travaux ou ce que vous avez fait ?
C S : Je regrette de ne pas avoir noté les mélanges de peinture, je suis incapable de retrouver le jaune que j’ai fait dans la salle à manger ! Comme je l’ai fait de manière spontanée, je n’ai pas été rigoureuse.
E S : On regrette également de ne pas avoir mis de prises dans le parquet du salon quand on l’a changé… Et une dernière chose, qui n’est pas un regret mais un point d’attention : il ne faut pas lésiner sur la lumière de l’extérieur, un bon éclairage, ça fait tout !
Revenons dans la maison principale. Racontez-moi un peu comment vous avez décoré votre maison.
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