Ce que j’ai vu, aimé, entendu, retenu…
Bonjour à tous,
Ravie de vous retrouver !
Aujourd’hui, c’est hors-série. Je partage avec vous, à chaud, mes notes prises lors de mon passage chez Maison & Objet.
Mes coups de cœur, mes surprises, ce que j’ai vu, aimé, retenu…
Bonne lecture,
Philippine
Pour celles et ceux qui l’auraient raté, c’était la baseline du Salon Maison & Objet de ce mois de septembre. Un jeu de mots qui fait sourire + qui fait écho à la personnalité décalée de cette ex-styliste qui se dit aujourd’hui “chercheuse”, tout simplement (elle a monté un studio créatif, son métier c’est désormais de chercher des talents et des idées).
Intéressant que le salon choisisse quelqu’un qui est plutôt anti-tendances : on dit d’Amélie Pichard qu’elle est “délurée”, “singulière”, “électron libre”, “qu’elle s’amuse des conventions et du mauvais goût” (“La vraie audace ce n’est pas de suivre les tendances, c’est d’être fidèle à sa vision, même quand personne n’y croit”).
Amelie Pichard cherchait un “objet” qui fasse “maison”. La théière.
En tant que Directrice Artistique de cette édition, pour le salon, elle nous ouvre une « maison inachevée et imparfaite », un parti pris plutôt rafraichissant dans un univers bien souvent trop léché et déconnecté de la réalité (l’éternel question quand je feuillette les magazines : mais qui donc achète cette table à 15 000€ et, juste à côté, ce canapé à 27 000€ ?). Pour le salon, elle imagine donc “Welcome home”, un espace scénographié comme une maison vivante, où chaque objet a été choisi parmi les 2 300 exposants de cette saison.
Elle questionne :
“Pourquoi une maison devrait-elle être achevée alors que nous, les êtres humains, ne cessons de changer, d’évoluer, de nous transformer ?”
“À l’heure où partager une maison parfaite est devenu la norme, n’est-ce pas un paradoxe que de figer l’endroit censé refléter le plus vrai de qui nous sommes ?”
Amen ! Deux phrases que je garde en stock, pour justifier de manière philosophique ma rénovation qui s’éternise…
“While curating “Welcome home” I reflected a lot on what curation means. I had to compose with the thousands of exhibitors already present. And I realised this exercise, choosing from a mass of objects, is what all of us do, in our own way. We must relearn how to build a personal eye, a personal style, on a world where our gaze is now shaped by algorithms. We think we are choosing freely, but we’re looking at the same things. Whereas the world, and the world of design, is much wider than that. That’s where the boldness lies : in relearning how to make our own choices”.
À la fin de cette newsletter, vous trouverez d’autres idées et mindsets Made in Amélie Pichard.
So 2015, et pourtant… impossible d’y échapper : coussins, assiettes, chaussettes, tote-bags… ils continuent de crier leur vérité. Deux clans s’affrontent : d’un côté, le camp “vie en rose” qui nous martèle que “la vie est belle” (“la belle vie”, “amour infini”, “passion”, “douceur”, “bonheur”, “create a life you love”, “more cheese please”…), de l’autre, le gang des rebelles qui envoie tout valser (“badass”, “fuck off”, “mother fucker”). Serait-ce le reflet du chaos de notre cerveau en ces temps troubles ? Peut-être. Bon, pour leur petite défense, ils sauvent toujours un Secret Santa, donc…
Et puis, au milieu de ce feu d’artifice de messages, un mot : PEACE. Bien sûr, s’il avait été imprimé sur une serviette ou sur un t-shirt, je serais passée sans m’arrêter. Mais là, sculpté en grandes lettres de porcelaine, travaillées avec soin dans la forme fragile et éphémère d’un ballon, le message prend une toute autre dimension. Contraste intéressant : délicatesse VS force, jeu VS gravité. Il devient un slogan subtil, qui résonne particulièrement par les temps qui courent.
Dommage de ne pas avoir croisé l’artiste, Luisa Maisel, qui semble avoir autant de personnalité que ses créations.
Il y a quelques années, cette designeuse italienne plaque son job, où elle passait bien trop de temps scotchée à son ordi. Le dernier jour, en rentrant chez elle dans les rues de Bressanone, son village perché dans les Dolomites, elle shoote dans les tas de feuilles mortes, un brin énervée qu’elles soient sur son passage alors qu’elles devraient être ramassées. Ce jour-là, son collègue qui l’accompagne la met au défi d’en faire quelque chose. (Ça sent le storytelling à plein nez, mais je vous jure que c’est vrai).
Challenge accepted. Aujourd’hui, Jasmin (alias Miyuca) fabrique dans son atelier des lampes à partir de feuilles tombées, qu’elle mélange à une résine naturelle. Elle a mis des années à trouver la bonne recette pour que les abat-jour soient solides tout en étant éco-responsables. Un travail de dingue, une patience de dingue aussi. Et la satisfaction immense de créer avec une ressource naturelle qu’on piétine tous les jours.
Ses clients ? Des hôtels, des restos, mais aussi des particuliers qui veulent transformer les feuilles de leur propre terrain ou propriété en objets uniques.
Les feuilles viennent des arbres des parcs de la ville de Bressanone ou des communes voisines. Il s’agit par exemple d’érables du Japon, de chênes ou encore de ginkgos.
PS – J’avais justement les Dolomites en tête pour des vacances l’an prochain. Tout de suite, elle évoque le sur-tourisme : dans son village, les foules débarquent en car pour une seule journée, et repartent. Elle dit se réfugier dans son atelier. Ça ne donne pas hyper envie…
Re-PS – En France, Alyssa Joss, elle, fabrique du textile à partir de feuilles mortes. Impressionnant.
Pas facile. Je le savais mais j’en ai eu la preuve en direct.
Patères et modèle Romi
Je connaissais bien leur lampe Gigi, mais je préfère d’ailleurs leur nouveau modèle Romi (149€), qui s’imbrique comme bon vous semble. J’ai aussi beaucoup aimé leurs vases (à partir de 31€) + double bougeoirs (bougie chauffe plat / chandelle) assez ingénieux. Objets de la marque imprimés en 3D à Paris.
Une personne hyper curieuse et inspirante, qui semble, en plus, accessible. Il nous a rappelé que « la lumière des autres ne m’empêche pas de briller, moi » et que « si vous ne demandez pas les choses, on ne peut pas vous les donner. Si on ne formule pas, on n’a pas. » Never forget : rien ne tombe du ciel. Hum.
Alors que je courais dans tous les sens sans vraiment savoir où j’allais, je suis passée en slow motion devant ces luminaires flottants d’Eshen Ceramics. Beau ! Made in Taiwan.
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